— Au revoir, Isaïe, répliqua Mme Fanteague, si Dieu le permet, je verrai ce soir les magasins de Silverton.
« Si ma tante le permet, pensa Gillian, je les verrai bientôt. »
— Voulez-vous que je vous aide à faire votre malle, ma tante ? demanda-t-elle.
— Non, mon enfant.
— Si j’allumais un peu de feu dans votre chambre ?
— Je ne suis pas douillette, ma chère, au point d’avoir besoin de feu pour faire une malle.
— Alors, voudriez-vous vous asseoir devant celui-ci ? J’ai quelque chose de particulier à vous demander.
— Tiens !
— Ma tante, vous ne voudriez pas que j’aille un peu chez vous ? Je vous prie.
— Pourquoi faire ?
— Pour apprendre à faire votre fameux gâteau et à cuire un jambon à l’ancienne… et aussi la couture.
— Et pour aller dans les magasins et chercher un amoureux, hein ?
— Oh, ma tante !
— Ma foi, ça secouera peut-être un peu la pauvre Émilie. J’y réfléchirai.
— Pas trop longtemps ! La vie passe vite. « Noisette de novembre, noisette de mort ».
— Qui t’a dit ça ?
— Robert.
— Il te plaît, ce garçon ?
— Oh, comme ça… mais ce n’est jamais qu’un vacher-berger.
— Tu as raison, ma petite : ne t’abaisse jamais. La tante Fanteague se mit à ruminer. Il y avait à Silverton un jeune organiste, ainsi qu’un docteur et