m’a pas embrassé et n’en a pas eu envie. Je n’y ai jamais pensé, moi non plus, avant que tu n’en parles.
Elle paraissait un peu rêveuse.
— J’aimerais bien que l’on dise que Gillian Lovekin s’est mariée jeune et qu’elle avait une nature très tendre, comme on le raconte de ma grand’tante Amy Lovekin.
— As-tu retiré les gâteaux du four ? interrogea Isaïe.
— Oh, misère de misère !
Et elle courut à la cuisine, d’où elle revint lentement.
— Ratés, je suppose.
Elle fit signe que oui.
— Va les chercher.
Elle les apporta. Vingt-quatre gâteaux au fromage et une quantité d’allumettes, le tout noir comme du charbon.
— Qu’est-ce que tu y avais mis ?
— Une livre de farine, une demie de beurre trois oranges, du sucre, deux œufs…
— Combien le tout, ma sœur ?
— Ma foi, comme tu fais ton beurre, à peu près un shilling.
— Va me chercher un shilling, Gillian.
— Oh, père ! Pas un lapin d’un shilling ?
— Ha !
— Mais c’est une leçon de musique, père !
— Va le chercher. Ça t’apprendra à ne pas rêvasser et être dans la lune comme la vieille Émilie. Félicite-toi que je sois trop paresseux pour prendre le martinet.
Gillian s’en alla dans la cuisine en pleurant.
Sa tante, venant pour l’aider à essuyer la vaisselle du thé, se préparait à consoler la pénitente en larmes.
Mais au lieu d’une repentie, elle aperçut en entrant