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sept pour un secret…

petit feu pendant des années ! Je voudrais voir M. Gentil tomber à genoux…

— Il est un peu rhumatisant, Juliana.

— Il aurait dû le faire quand il pouvait… tomber à genoux et dire : « Je vous aime. » Puis se relever vite pour m’embrasser à me faire perdre la respiration.

Mme Fanteague jeta à son frère un regard réprobateur et dit :

— Tel père, telle fille.

— Et alors ce serait à lui à dire : « Fixez le jour, fixez-le, fixez-le ! ». Et moi je serais toute agitée, comme les canards quand je les attrape. Puis en route pour l’église, et, hop, dans le cabriolet, et, fouette cocher, à la gare. Et il me dirait : « Vous êtes à moi pour toujours, toujours ». Seulement je ne crois pas que M. Gentil ferait mon affaire. Sait-il conduire, et monter à cheval à cru ? Peut-il marcher sur une charrette de foin qui va vite, comme fait Robert ?

Mme Fanteague sourit, ce qui ne lui était pas facile, parce que son visage avait pris un autre pli.

— Juliana, dit-elle, si jamais tu vois M. Gentil, tu comprendras. Tout ce que je pourrais dire ne te l’expliquerait pas. M. Gentil est l’homme qui n’a jamais une tache sur lui et qui ne perd jamais son air digne, c’est un gentleman vraiment bien élevé.

— Oh, Seigneur ! Il ne me plairait pas. Ses baisers manqueraient de chaleur.

Isaïe revint à la vie.

— Qu’est-ce que tu connais aux baisers, ma petite ? Est-ce que Robert aurait fait l’imbécile ? Je lui flanquerais bien la plus belle…

— Pas si facilement que ça ! Il est fort. Mais il ne