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sept pour un secret…

— Maintenant, dit Isaïe, donnez-moi des nouvelles de la pauvre Émilie. Elle va bien, dites-vous ?

— Aussi bien qu’on peut l’espérer dans son état particulier.

— Mange-t-elle, dort-elle ?

— Elle se nourrit, mais mal, et elle rêve.

— Oh, tante, elle rêve ? Comme j’aimerais cela ! Et à quoi rêve-t-elle ?

— Aux anges.

— Ha !

Isaïe tenait beaucoup à veiller sur les femmes de sa famille. Il s’informait toujours spécialement de leur santé : si elle était satisfaisante, le reste ne comptait pas.

— Ha ! reprit-il, si elle rêvait à un bébé, ça vaudrait mieux. Voilà le rêve qu’il faut… qu’il a toujours fallu à Émilie.

Il lança son rire, si rare, tonitruant, ce rire, disait la légende, qui avait un jour tellement effrayé le taureau de Dosset qu’il en avait oublié de charger Isaïe.

Mme Fanteague se leva.

— Il peut y avoir des toasts, du thé qui refroidit et un sentiment de bienvenue dans la maison, et un vent glacé qui souffle sur la lande, mais je sors, Isaïe, si vous dites des inconvenances. Et devant cette enfant, encore !

— Je ne suis plus une enfant, ma tante, et je suis ravie d’entendre parler de… de tante Émilie.

— Asseyez-vous, ma sœur, je suis muet.

Après une hésitation convenable, elle se rassit.

— Quelle âge a Émilie ? demanda Isaïe, qui n’était pas fort sur les dates.

— Quarante et un ans.

— Eh bien, alors, il n’est pas trop tard pour prier.