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sept pour un secret…

se mêlaient la pitié et le rire. Isaïe avait paru chercher protection auprès de sa femme. Mme  Fanteague avait dit : « Ce n’est pas une chrétienne, c’est une enfant trop précoce, elle ne vivra pas. » Mme  Makepeace affirmait que c’était simplement une dent qui perçait. En tout cas, Gillian avait réussi à vivre, précoce ou non. Ce fut Mme  Lovekin qui mourut, trouvant trop difficile d’être l’épouse d’une divinité.

Gillian, ayant contemplé son père assis devant le feu, magnifique, heureux et oisif, jusqu’à ce que son nez, écrasé contre la vitre, eût très froid, hulula soudain comme une chouette et se retira.

Non, il ne tressaillit pas. Si seulement elle avait pu le faire sauter ! Elle ôta ses galoches, entra dans la cuisine et, au lieu de son père, fit sursauter Simon qui dormait. Mme  Makepeace était partie et la cuisine — luisante, en ordre st sentant le savon — était vide, uniquement habitée par le chien et le tic-tac hésitant et modéré de l’horloge.

— Quel calme, dit Gillian. Oh, Dieu du ciel, j’entendrais la chute des feuilles sur ma tombe. Je serai même contente de voir ma tante Fanteague, Simon, car elle en fait un remue-ménage ! Ah !

Elle se lava la figure et les mains à la pompe, et arrangea ses cheveux devant le petit miroir accroché au mur. Puis elle alla dans le parloir, chantant de sa voix chaude et délicieuse :

Cinq pour de l’argent,
six pour de l’or,
sept pour un secret…


— Ha ! lança Isaïe, et elle se tut, se demandant, comme hypnotisée, ce qu’elle avait fait.