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SEPT POUR UN SECRET…

nais de la ferme de Dosset, un gaillard à mine de Bohémien rôdait par là et m’a demandé : « Est-ce ici qu’il y a une femme avec de grands yeux noirs transparents comme une eau claire ? »

— Bon Dieu !

— Ce doit être cette femme qui est venue le jour du mariage qui aura parlé d’elle. Mais cela prouve qu’il faut faire attention.

— Qu’avez-vous répondu ?

— Qu’elle était partie au Donjon.

— Vous êtes malin, patron.


En ce moment même, Johnson le Bohémien, qui était passé devant l’auberge pendant qu’on y jouait du piano et qui ne s’était pas arrêté, tant il avait hâte d’arriver au Donjon avant que ne tombât la neige, poursuivait son chemin. Il avait frappé à la porte de Robert, mais, ne le trouvant pas, il avait résolu de revenir le lendemain, si la neige avait cessé. Sinon, il enverrait quelqu’un de plus jeune pour découvrir où était la femme qu’il cherchait et surveiller les alentours, jusqu’à ce qu’il pût revenir lui-même.


Ah, comme la lande gémit toute la nuit sous le vent capricieux, comme si elle criait : « Qu’importe ? Je reparaîtrai bientôt couvrant tout d’une mer de bruyères. Qu’importe ? Ne troublez pas vos misérables existences avec de misérables chagrins. Voyez : dès maintenant mon flux s’avance comme celui du Temps. Qu’importe ? »

Au cottage, près du verger qui se lamentait, Robert dompta son envie d’anéantir son ennemi. Il finit par s’endormir dans le fauteuil qui avait été celui de Jonathan et entendit, comme un chant de sirènes