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SEPT POUR UN SECRET…

Robert fit tomber la boue de ses chaussures et entra. Elles se levèrent toutes deux doucement, comme auraient pu le faire des reines du pays des fées pour accueillir un visiteur venu de la terre.

Ensuite, Ruth alla faire le thé dans l’arrière-cuisine et on se mit à table.

— La nuit vient vite, dit Ralph.

— Oui, répliqua Robert, je crois que ça tombera bientôt.

— De la neige, Robert ?

— Oui, de la neige, Madame Elmer.

— Pourquoi ne dites-vous pas Gillian, comme vous en aviez l’habitude ?

— Vous êtes mariée, maintenant, Madame Elmer.

Et les yeux de Robert s’arrêtèrent un instant sur Ralph.

— Oui, oui, fit celui-ci, à présent vous êtes mariée.

De l’autre côté de la table partit un bruit rappelant un chat qui éternue. Ce ne pouvait être un rire de Fringal, car, quand Gillian le regarda, il était parfaitement grave.

— Je ne vois pas pourquoi vous devriez me battre froid parce que je suis mariée, protesta Gillian.

Et ses yeux l’attiraient, le charmaient ; mais Robert se disait : « Elle est plus amoureuse d’Elmer que jamais. »

Et comme ce regard de Gillian le troublait et lui serrait la gorge, il se tourna délibérément… et voilà que Ruth, que plutôt Ailse — qui aimait Robert — fixait avec insistance sur lui des yeux pleins de douceur. Si Robert avait eu une tournure d’esprit cynique, cela l’aurait amusé, mais il en était bien loin. Il fut simplement frappé, trouvant assez émouvant que cette enfant éprouvât de tels sentiments pour lui, pendant qu’il