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CHAPITRE II

Robert Rideout.


Un fin croissant de lune montait obliquement à l’Est au-dessus de l’épaule sombre de la lande, s’enchevêtrait dans la chevelure noire des pins qui se balançaient légèrement au vent du soir, glissait à travers comme un poisson hors d’un filet troué, puis planait librement dans un vaste ciel gris qui commençait à vibrer, entre les nuages cotonneux, à la lueur vaguement phosphorescente des étoiles. Dans la dernière prairie, qui montait en pente rude avec son herbe épaisse, jusqu’à la courbe magnifique du marais, Robert trouva les moutons, inquiets sous ce ciel incertain. Ils étaient couchés, serrés les uns contre les autres, leurs corps se détachant sur une herbe horriblement lumineuse que frisait la gelée. On lisait déjà dans les yeux des brebis le pressentiment de l’agnelage.

— Allons, venez, dit Robert, venez.

Ils se levèrent avec un craquement féerique de l’herbage, prêts à le suivre où il voudrait les conduire. Comme il se dirigeait vers la ferme, une voix, nette