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SEPT POUR UN SECRET…

par recevoir une lettre lui indiquant quelqu’un qui était capable, non seulement de chanter ces airs, mais de les écrire. Mais avant qu’ils n’arrivassent, Gillian était partie pour Silverton, en sorte que l’épreuve de la mémoire de Ruth fut remise à plusieurs mois et qu’on continua les exercices d’écriture.

Cependant le blé mûrissait et bientôt tout le monde fut trop occupé pour penser à autre chose qu’à la moisson. Ruth-Ailse travaillait à fabriquer de la bière, et bien souvent Gillian mettait un grand tablier et l’aidait. Fringal allait presque tous les jours porter des barils de bière à telle ou telle ferme et revenait parfois avec de l’argent, d’autres fois avec un quartier de mouton, quelques douzaines d’œufs ou un sac de pommes de terre nouvelles. Tout doucement, shilling par shilling, ses gages augmentaient. Un jour que Ralph se faisait trop longtemps tirer l’oreille pour payer, il choisit un moment où Gillian était dans la pièce pour dire tout doucement, avec un mouvement de tête du côté de Ruth. « La patronne d’ici… »

Gillian n’y prit pas garde, mais ce fut suffisant pour Ralph, qui donna l’argent, furieux, mais impuissant. Fringal était exactement le type sardonique, insensible, intelligent, quoique ignoble, pour faire du chantage avec succès.

Robert ne revint pas à l’auberge avant que la moisson fût en sûreté, ou du moins avant que les dernières gerbes fussent mises en tas. Quand il n’y a qu’un homme jeune dans une ferme, il a toujours fort à faire, toutes les besognes dures, dangereuses, ou très matinales lui incombant. En outre, Jonathan s’était depuis des années affaibli peu à peu. Personne ne le remarquait parce qu’on le voyait tous les jours, mais on laissait de plus en plus de travaux à Robert. Aussi le mystère de