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CHAPITRE XXVI

L’alphabet à l’enseigne de la « Sirène ».


L’été déployait sur la lande ses ailes brûlantes. Les fleurs tombaient, les fruits se formaient. Les tiges du blé s’allongeaient, ondulaient, s’affaissaient en masses brunes et vertes quand tombait la pluie, puis se redressaient lentement pour onduler de nouveau. On commençait à faire les foins. Aux premières heures du jour, Gillian voyait circuler la faucheuse mécanique de son père dans la grande prairie et savait que c’était Robert qui la conduisait. Les roses fleurissaient et se fanaient, des fruits mûrissaient, et Gillian avec Ruth les cueillait et faisait des confitures, sous l’œil moqueur de Fringal. Mais, quelles que fussent leurs occupations, elles disparaissaient toujours sitôt le couvert du dîner enlevé. Elles ne disaient rien, elles n’étaient plus là, simplement, comme des hirondelles en décembre. Elles éludaient les questions et, avec une paisible obstination d’abeilles — qui un jour restent en dehors de la ruche, malgré tous les efforts qu’on déploie pour les y faire entrer et, un autre, demeurent à l’intérieur, quoi qu’on