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SEPT POUR UN SECRET…

pas que le maître ni Fringal le sachent, et j’ai pensé qu’il n’y a aucun endroit sûr que celui-ci, parce que dans ma chambre…

Elle balbutiait, mais Ruth semblait parfaitement comprendre.

— Alors, voulez-vous que je monte ici quand vous aurez fini votre ouvrage à la cuisine ? Vous pouvez alors prendre un peu de repos. S’il dit quelque chose, j’expliquerai que vous cousez pour moi. N’oubliez pas de monter demain, je viendrai à une heure, vous aurez terminé en bas.

Et soudain, sans bien savoir pourquoi, elle scella le pacte avec un baiser.

Alors elle descendit rejoindre Elmer. De nouveau, l’ombre et le silence enveloppèrent la maison, de nouveau Fringal riait dans son grenier. La lande chuchotait, le Temps et l’Espace tissaient à travers l’éternité leurs bizarres tapisseries. Et au cottage, sous l’étoile, Robert composait une petite chanson :

J’ai entendu un chant retentir dans le bois,
j’ai été voir, et elle était là.
Le chant m’ensorcelait comme celui des oiseaux :
J’ai perdu et mon cœur et la parole.
Un grondement de vagues m’emplissait les oreilles,
Sa chanson me mettait les larmes aux yeux.
Mon âme était accablée de douleur,
car elle ressemblait à un arbre feuillu,
et brillait comme une coquille rouge.

Je voudrais pouvoir faire un berceau
d’églantiers en fleurs
entremêlés de roses écarlates
et d’épines rouges dans la verdure.
Mes mains nues seraient couvertes de sang,
ce qui soulagerait ma peine. Et quand j’aurais fini,
je l’enfermerais dans ma poitrine,
car elle est mon chant et mon repos
et brillante comme une coquille rouge.