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SEPT POUR UN SECRET…

quelqu’un qui devrait être ici… j’entends le bruit d’un berceau qu’on balance,… mais pas dans cette maison… pas dans cette maison !

Quand elle prononça ces mots, Ruth se levant vint la regarder avec un air étrange. La Bohémienne ajouta rapidement quelques mots dans le dialecte des siens, mais Ruth secoua la tête et fit comprendre par un geste qu’elle ne pouvait répondre.

La Bohémienne fit ripaille avec les autres, puis se retira. Peu à peu, les invités s’en allèrent et, enfin, Ruth et Fringal, après avoir achevé de laver les verres, montèrent se coucher. Les nouveaux époux étaient seuls. Alors, eux aussi gravirent l’escalier et Gillian courut à la fenêtre et vit une étoile suspendue au-dessus de Dysgwlfas, à l’endroit où s’élevait le cottage, et le verger, avec ces agneaux, bénis entre toutes les créatures, que Robert soignait tous les matins et tous les soirs. Elle se rappela la prière de Robert, touchée par une émotion comparable à celle que provoque la demande d’un mourant, car Robert, se disait-elle, ne serait guère plus loin d’elle s’il était couché dans sa tombe.

— Il faut, dit-elle, que j’aille parler à Ruth une minute.

— À Ruth ?

— Oui.

— Et pourquoi ?

— Oh, hommes, hommes, hommes, s’écria-t-elle, imitant à merveille le ton de la femme du Squire, vous croyez qu’il n’y a que vous au monde !

— Eh bien, ne soyez pas longtemps.

Elle était déjà partie, montait sans bruit l’escalier et frappait doucement à la porte de Ruth. Mais celle-ci, absorbée dans son adoration, n’entendit pas, et Gillian, entrant néanmoins, vit un tableau qu’elle ne devait