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également sur le mauvais et sur le bon. Voilà ce Jonathan, franc comme l’or, au-dessus duquel pourtant semblaient s’amasser tous les nuages du firmament. Ainsi qu’il disait tristement : « Les autres peuvent être secs comme de l’amadou, moi je suis trempé. » Se rendant compte que la guerre contre la matière est le lot à la femme, parce qu’elle y a été entraînée par des siècles de travaux de ménage — rattraper des tasses qui se décrochent de leur clou et des pots qui roulent de la table — Mme Rideout résolut de passer le reste de son existence à combattre pour Jonathan. Il y avait douze ans qu’elle le faisait, à son grand bonheur, à l’admiration du voisinage et à la satisfaction de Jonathan.

Robert avait dix ans quand elle épousa Makepeace. Ses yeux aux long cils, qui avaient une expression sombre mais aussi très tendre, et dont il était difficile de voir la couleur tant ils étincelaient de vie, sa bouche sévère au sourire aussi doux que rare, le faisaient tant ressembler à son père qu’elle le contemplait des heures de suite. Elle était fidèle à John Rideout, bien qu’elle eut épousé Makepeace, et comme les Noëls se succédaient et que Jonathan était toujours en vie, elle triomphait. Elle l’aimait d’un amour maternel, et quand Robert atteignit l’âge d’homme, c’est Jonathan qui prit sa place. Abigaïl considérait sa grande silhouette mince avec fierté, en se rappelant tous les malheurs dont elle l’avait sauvé dans l’année écoulée.

En ce moment, pendant qu’Abigaïl travaillait dans la cuisine de la ferme, Jonathan n’arrivait pas à mettre un bout de chandelle dans sa lanterne de corne pour atteler la jument et aller à travers la lande chercher Mme Fanteague à la gare. La chandelle refusait de se tenir droite, se penchant vers lui comme un long cou de cygne grisâtre, et répandant du suif sur la nappe