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SEPT POUR UN SECRET…

cette après-midi où ils se rencontrèrent par hasard dans la cour des meules, où Gillian cueillait des feuilles au vieux sycomore pour envelopper, avant le jour de la noce, le beurre destiné au marché.

C’était une fin de journée délicieuse, parfumée de mille senteurs, aubépines et boutons d’or, fleurs de pommiers et de marronniers, lilas, et douceur sèche du foin coupé.

— Robert, dit Gillian, oh… Robert !

Il s’arrêta près de la clôture du verger.

— Robert, j’adore ce piano… je voudrais pouvoir faire quelque chose pour vous remercier…

Robert songea à Ruth et aux leçons d’écriture.

— Vous pouvez faire quelque chose pour une autre personne, mais ce sera quand même pour moi. Gillian, voulez-vous apprendre à écrire à Ruth, celle de La Sirène ?

— Mais pourquoi… ? fit-elle, stupéfaite.

— Parce que je vous le demande. Il y a une raison, mais je ne peux pas vous la dire. Apprenez-lui vite… j’achèterai les cahiers.

— Mais si elle est incapable d’apprendre ?

— Elle pourra, elle est très adroite de ses doigts, vous verrez. Mais… — il hésitait.

— Mais quoi ?

— Eh bien, voyez-vous, c’est que… M. Elmer n’a pas grande envie que Ruth apprenne quelque chose.

— Oh !

— Serait-il, peut-être, contraire à votre devoir de ne lui en rien dire ?

— Non.

— Très bien alors. Merci mille fois.

— Robert !

Ah, comme elle adorait son nom, comme elle adorait