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SEPT POUR UN SECRET…

traversée de rayons de lune, avec le voile et la couronne. Tout devait être de premier ordre, ainsi l’avait décrété Isaïe, exactement comme si elle était la fille d’un seigneur.

« Oh, Robert, murmura Gillian — et deux larmes tombèrent sur la chemise de nuit nuptiale, toute garnie de rubans blancs — oh, Robert, mon Robert chéri ! »

Mais ni Mme Makepeace elle-même, affectueuse et fouineuse, ni la tante Fanteague avec son œil perçant et ses questions insinuantes, ne découvrirent la cause de ces deux larmes.

Elle avait beau garder toujours en son cœur un coin pour Elmer, parce qu’il avait été le premier à l’initier à la passion, c’était pourtant le regard de Robert, le contact de sa main, quand il l’aidait à monter dans le cabriolet ou à en descendre, qui la jetait dans une langueur si douce qu’elle souhaitait en mourir et ne jamais plus se réveiller aux vulgarités de la vie. Son allure, qui avait toujours été hautaine, devenait chancelante quand Robert était près d’elle, ses cils ombrageaient ses joues, ses mains fraîches et résolues tremblaient. Entendait-elle le pas de Robert pendant qu’elle causait avec Elmer à la grille, elle ressemblait immédiatement à une statue modelée dans la neige.

Un soir où les averses étaient fréquentes, elle était assise devant la fenêtre du parloir, et les Gloire de Dijon précoces exhalaient des bouffées de parfum dans la tiédeur humide, quand une forme mince, aux vêtements sombres, parut à la barrière et Ruth s’arrêta avec hésitation à la porte. Gillian, en proie à sa tristesse si nouvelle, courut à elle pour la faire entrer, mit la bouilloire au feu pour le thé et la traita non en future servante, mais en amie. Les yeux noirs et lumineux bril-