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SEPT POUR UN SECRET…

leuse — car à Dysgwlfas on avait son échelle à soi pour mesurer les fortunes — respecté jusqu’à l’idolâtrie, pouvait l’écraser aussi aisément qu’une guêpe sur une vitre. Ou bien il pouvait faire de lui quelqu’un. C’était un exemple qui montrait l’opposition de la récompense et du châtiment. Qu’il agît honnêtement, et non seulement il perdait Gillian, mais il passait sa vie dans des tourments infernaux et sombrait dans la folie. Qu’il agît mal, et il n’aurait pas seulement tout ce qu’il avait toujours désiré, mais encore Gillian. Qu’il prît ce dernier parti et on ne découvrirait jamais la vérité. Il n’y avait que Fringal… mais celui-là on pouvait l’acheter. D’ailleurs, il était vieux, et Ruth muette. Allons, la Providence était charitable… et Isaïe attendait.

Le jour qui tombait en plein sur Elmer révélait sur son masque tous les signes de la lutte intérieure qu’il soutenait. Isaïe était intrigué. Voilà un garçon, jeune, sans entraves, très épris de Gillian, et il lui avait offert non seulement sa fille, mais tout ce qu’il possédait. Que pouvait-il donc y avoir ? Qu’était-ce ? Cette arrogance de la jeunesse dépassait Isaïe, il en aurait pleuré.

— Elle est blanche comme neige, dit-il.

— Je sais, je sais.

— Et si ce que j’offre ne suffit pas, je pourrais mieux placer mon argent pour qu’il rapporte davantage, j’en suis sûr.

C’était intolérable. Après la nuit passée avec Gillian, Ralph aurait voulu se jeter, lui et tout ce qu’il possédait, à ses pieds. Et voilà que ce terrible vieux marchandait et lui offrait ceci et cela.

— C’est assez, dit-il, plus qu’assez : je ne demande qu’à épouser votre fille et à travailler pour elle.

— Vrai ? Isaïe en pleurait presque de joie. Vrai, vous voulez ? Alors, pourquoi diable… ?