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SEPT POUR UN SECRET…

contact intime de leurs corps, et il terrifia et grisa en même temps la jeune fille. Elle ne fut plus alors qu’une cire molle entre ses mains, prisonnière non seulement de l’amour physique que la passion d’Elmer éveillait en elle, mais de sa propre ardeur et d’une curiosité inapaisée et violemment excitée. Avec un élan, qui avait quelque chose à la fois de respectueux et de farouche, il lui mit les deux mains sur les épaules et baissa, jusqu’au dessous des coudes, sa blouse qui était ouverte en rond sur le cou, si bien que sa chair brilla, pâle dans l’obscurité. Puis, luttant et suppliant, il lui baisa les deux épaules, et remit ensuite le corsage en place.

Il la ramena à l’auberge en l’entourant de son bras. Tout le monde dormait, à l’exception de la fille, qui avait été aussi au bal et dont la bougie brillait encore dans une mansarde. Le grand vestibule vide, et toujours sans tapis, était plongé dans les ténèbres. Un vague rayon de lune passant par une fenêtre haute éclairait seul la large courbe de l’escalier de pierre, noble et imposant, qui montait à la galerie, entourée d’une balustrade qui dominait le vestibule et formait le palier. On eût dit une auberge du Moyen âge, sauf qu’alors une cour découverte tenait lieu de vestibule. Sur la table, un seul chandelier et, à côté, un papier portant le numéro de la chambre réservée à Elmer, avec prière de vouloir bien fermer le verrou.

— Le cob a perdu un fer, dit-il alors, j’ai vu que nous ne pourrions rentrer et nous sommes forcés de passer la nuit ici.

Dans l’esprit de Gillian, le goût de l’aventure luttait avec la crainte que lui inspirait son père. Mais l’aventure était immédiate, la colère pour demain…

— Très bien, dit-elle

— Il n’y a qu’une chambre, ma chère.