Page:Webb - Sept pour un secret, 1933.djvu/284

Cette page a été validée par deux contributeurs.
262
SEPT POUR UN SECRET…

Robert était devenu une sorte de dieu ; — rester assise à le contempler, c’était le paradis, entendre sa voix une joie, un réconfort. Souffrir pour lui, c’était — sans qu’elle le comprît elle-même — le but suprême de la vie. Un jour il était arrivé à l’auberge portant sur la joue une grande écorchure rouge faite par des ronces, et avait dit par hasard que les vieux églantiers près de la cour des meules avaient besoin d’être élagués, seulement il attendrait pour le faire d’avoir des gants neufs pour tailler les haies.

Le lendemain matin, de façon mystérieuse, surnaturelle, les ronciers étaient nettement taillés et les branches coupées brûlées en un petit feu de joie en dehors de la barrière. Si quelqu’un à La Sirène avait jamais fait attention à Ruth, on aurait vu que ses mains n’étaient qu’écorchures et, quand elle les plongea dans un baquet d’eau et de cristaux pour laver le plancher, on aurait surpris sur sa face triste un sourire extatique comparable à celui d’une martyre.