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CHAPITRE XXI

Roses sauvages.


Quand Gillian se réveilla par ce lumineux matin de Mai, elle eut soudain envie d’aller à la foire à la Croix-des-Pleurs avec Robert, mais la veille elle avait fini par promettre à Elmer de s’y rendre avec lui. Cela ne la troublait pas, Elmer s’en consolerait. Elle avait rêvé à Robert. Dans ce songe, Robert se tenait debout, enfoncé jusqu’aux genoux dans la neige, le visage triste et farouche. Un vent glacé soufflait dans ses cheveux noirs, et il avait les mains fermées. À ses pieds gisait un agneau mort. Pourquoi Robert était-il si malheureux de la mort de cette petite bête ? Alors arriva M. Gentil qui, les yeux ruisselants de larmes, lui toucha l’épaule. Robert, se retournant à contre-cœur, partit avec M. Gentil qui portait la croix faite d’épines. Et Gillian se réveilla en criant à Robert de ne pas accompagner M. Gentil. Il y avait en lui quelque chose de si lugubre, de si visqueux et si terrible que, si Robert le suivait, il se transformerait. Ses mains ne seraient plus celles qu’elle connaissait, si fermes et si brunes,