Page:Webb - Sept pour un secret, 1933.djvu/270

Cette page a été validée par deux contributeurs.
248
SEPT POUR UN SECRET…

Le visage de Robert prit une étrange expression de triomphe, et il demanda : « Mais, elle parlait ? »

— J’ai dit qu’elle parlait.

L’air de triomphe disparut.

— Ah, il y a longtemps, dit le Bohémien, bien long temps, et tout cela est passé. Mais je donnerais gros pour la retrouver.

— S’il y a quelque chose que je puisse faire, reprit Robert, tu sais où me rencontrer.

Ses yeux étincelaient. Johnson le remarqua, et il connaissait ce signe. Robert ne prenait cet air-là que quand il aimait ou haïssait.

Deux mains sales et vigoureuses se serrèrent dans une étreinte que ni l’un ni l’autre ne remarqua spécialement, mais qui aurait fait crier un homme de la ville.

— Lovekin a un cabriolet neuf, à ce qu’il paraît, fit Johnson, et un nouvel ami.

— De qui veux-tu parler ?

— J’ai vu la jeune fille filer avec un grand gaillard brun dans un cabriolet tout battant neuf.

— C’est M. Elmer, de la Sirène.

— Un nouveau venu ?

— Oui, Thatcher a quitté.

— Je croyais que la jeune fille était à toi ?

— Ah, Dieu non ! Elle s’est toquée de ce nouveau gaillard, dit Robert sèchement. Ça ne m’étonnerait pas qu’il soit maintenant son bon ami.

— Pourquoi ne le tuerais-tu pas ? dit Johnson avec la plus grande simplicité.

— Ma foi, répondit Robert en riant, nous pouvons être un peu brutaux par ici, mais nous n’allons pas jusque-là.

— C’est ce que font les taureaux noirs dans les montagnes, quand ils ne peuvent pas se mettre d’accord.

Robert sentit que le bétail noir n’avait pas mûri