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SEPT POUR UN SECRET…

nier, tombe en Mai une couche blanche de neige plus froide que les fleurs de prunier. Les fruits ne se forment pas aux Gwlfas avec autant d’aisance que dans les contrées méridionales. Il y a les vents contre les pruniers, et les gelées des cerisiers, des pluies violentes pour faire tomber les fleurs des poiriers, et une dernière gelée pour les pommiers. Tout cela n’est pas plutôt fini que c’est la saison des orages et du tonnerre, car les hautes terres les attirent, et toutes les nuits descendent sur les jeunes pommes vertes des pluies qui ressemblent à de gros fils de fer tendus en permanence entre le ciel et la terre.

Mais, que tombassent les fleurs ou que s’abattît la neige, Elmer faisait sa cour à Gillian, dans les pâturages, dans les bois, sur la lande, à l’auberge ou à la ferme. Avec son désir, flambant dans ses yeux au point qu’elle retenait sa respiration avec la terreur de celle qui comprend à moitié, il s’avançait à travers l’Avril, à travers sa timidité, ses fâcheries et ses reculs — qui ressemblaient à Avril — vers le premier Mai.

Car c’était à ce jour-là qu’il avait dans son esprit fixé la limite de sa patience.

Ainsi, chaque jour qui s’écoulait, Fringal poussait son « Holà, ho ! » sous la fenêtre de Gillian, et toute la région restait stupéfaite devant la splendeur biblique de cette cour, qui mettait les marchés lointains sens dessus dessous par ses dépenses, qui rapprochait de vieilles têtes en capelines par-dessus les haies de jardins, et faisait pousser des hurlements aux jeunes gens flânant sur les ponts des villages ou buvant leur quart de bière dans des auberges isolées. Mais ceux qui allaient se rafraîchir au Repos de la Sirène demeuraient muets, contemplant Elmer avec un mélange d’amusement et de respect. Ils apprécient la poésie de ces hommages