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faire sans avoir une âme, mais ils étaient si prompts, si légers, si inconséquents, leurs chants étaient si grêles, si timides que Gillian pensait que leurs âmes n’étaient pas tout à fait réelles — âmes de fées ne pesant pas plus qu’une coquille d’œuf. Sur le toit de la ferme, les pigeons-paons noirs, qui appartenaient à Robert Rideout du cottage, montaient et descendaient d’un vol lourd et oblique. Toute la journée, troublés par les bruits de la maison, ils s’étaient délicatement approchés de temps à autre jusqu’au bord du chaume pour regarder en bas de leur œil de rubis. Ils avaient observé que les fenêtres à vitraux étaient toutes restées ouvertes la journée entière, que les deux fauteuils sculptés à coussins rouges, et le grand tapis de foyer en peau de mouton du salon, avaient été sortis sur la pelouse carrée où se dressait le pigeonnier, et battus. Ils avaient vu Simon, leur ennemi abhorré, se glisser le long des bordures, où les tiges brunes des plantes vivaces avaient été fripées par des gelées prématurées, malheureux comme il l’était les jours de nettoyage, et finalement bouder sur la fenêtre du grenier à blé et refuser d’entrer dans la maison. Tout cela, ils le savaient, voulait dire quelque intrusion du monde extérieur, — de ce monde que n’atteignait pas leur vue la plus perçante — dans cet endroit paisible plongé dans un antique silence. Ce devait être parce que la sœur du fermier Lovekin venait, cette Mme Fanteague, cause du nettoyage du pigeonnier, et qu’ils haïssaient. Ils manifestèrent leur désapprobation en s’enlevant tous ensemble avec un bruit d’ailes métallique, et en surveillant du haut des airs le paysage rapetissé.

La plupart des fenêtres étaient maintenant fermées et une chaude et délicieuse senteur de cuisine éveilla l’appétit de Simon, si bien qu’il se leva, s’étira, bâilla,