— Robert !… Cette fois c’était Isaïe.
— Monsieur ?
— Conduisez ce poney à l’écurie, hein ?
— Je ne veux pas, monsieur, c’est net.
— Comment ? Vous ne mettrez pas ce poney à l’écurie ?
— Je ne m’en occuperai jamais, monsieur ; je ne le sellerai jamais, ne lui donnerai jamais à boire, je ne lui ferai pas sa litière, je ne lui donnerai aucun soin. Il faudra que mon beau-père s’en charge. Vous pouvez me donner mon congé, si vous voulez.
— Non.
— Merci, monsieur. Dites au vieux, à mon beau-père, de s’en occuper.
Gillian avait les larmes aux yeux quand ils rentrèrent dans la maison. Isaïe lui jeta un coup d’œil malicieux.
— On dirait qu’Elmer déménage pour s’installer aux Gwlfas, déclara-t-il, ou c’est tout comme…
Et, songeant à tout ce qui était venu depuis une semaine enrichir la ferme, il poussa un de ses grands et solides éclats de rire. Puis, se levant, il s’en alla dans son vieux bureau délabré, avec sa porte à petits carreaux verdâtres sertis de plomb. Dans un tiroir il prit un aimant, et dans la boîte à ouvrage de Gillian une aiguille et entreprit avec ces objets sa démonstration.
— Voilà ce qui se passe pour notre voisin, dit-il, à ce que je crois, toi étant l’aimant. Ne t’inquiète pas de ce que dit un vacher-berger. Tu feras plus d’une promenade sur ce joli petit poney. Nous inviterons Elmer à venir partager notre dîner dimanche prochain.
Gillian essaya de dissiper son malaise, mais les yeux de Robert, ses paroles prophétiques lui restèrent toute la journée dans l’esprit.