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Qu’Elmer passe au galop devant la ferme tant qu’il voudrait, Robert Rideout était prêt à galoper lui aussi. Il ne saurait peut-être pas faire la cour à Gillian comme il était sûr — et cela le révoltait — que le ferait Elmer, mais en tout cas, il était de taille à galoper. Et quand Gillian le tourmenterait de façon trop insupportable, il pourrait s’en aller dans une prairie éloignée et monter le poulain jusqu’à ce que la fatigue l’empêchât de rien sentir. Il se mettrait aussi à composer son long poème sur les Dysgwlfas, — un poème dans lequel Gillian n’apparaîtrait qu’à la fin — un poème de rochers et d’âpres perspectives, de vents furieux, de larges espaces et de temps sombres, exprimant la philosophie de Robert telle qu’il se l’était forgée sous des ciels d’hiver. Son impassibilité le réconforterait ; en le méditant, il parviendrait à une sorte de détachement. Et peut-être découvrirait-il ce que voulait de lui la lande, pourquoi elle l’empoignait par temps de neige, quel sombre présage pesait si étrangement sur lui dans la petite friche, dans la région désolée.