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Une fois assise elle s’aperçut qu’il y avait de la brouille dans le ménage.

Elle offrit à Gillian une pastille, le seul bonbon qu’elle eût sur elle. Celle-ci, qui songeait à tous les plaisirs qu’elle aurait pu goûter si prochainement, la refusa et continua à pleurer de plus belle. La vieille jeta un regard courroucé à Robert, puis alla s’asseoir à côté de Gillian.

— Voyons, ma petite, dit-elle en posant sur la robe ardoise une grande main gantée de laine jaune, il ne faut pas vous en faire, nous avons toutes à en passer par là.

Les joues écarlates de Gillian prirent une teinte encore plus foncée. Robert, en désespoir de cause, lança :

— Quel temps infect, madame.

— Infect, vraiment ? dit la vieille d’un air féroce. Je ne m’en occupe pas. Ce que je sais c’est qu’il est pénible de quitter son chez soi, son père et sa mère, et tout ce qu’on possède pour suivre son mari.

Ce fut au tour de Robert de rougir.

— Et il ne faut pas être impatient et trop pressé, jeune homme, c’est moi qui vous le dis. Il faut la distraire… vous venez de prononcer les paroles sacrées : « Aimer, honorer et chérir », ne l’oubliez pas.

Robert, cramoisi de fureur, n’en souhaitait pas moins de tout son cœur de les avoir prononcées.

— Et vous, ma chère, continuait la zélatrice, vous venez de dire : « Aimer, honorer et obéir ». Eh bien, il faut lui obéir.

— Jamais je ne lui obéirai, jamais ! répliqua Gillian ; il m’a traitée d’une façon honteuse.

— C’est ce que je pensais.

— Il m’a traînée sur le quai et n’a pas voulu ma permettre d’aller à Londres… je le hais.