Page:Webb - Sept pour un secret, 1933.djvu/189

Cette page a été validée par deux contributeurs.

lui, tandis qu’un nuage cachait par moment la lune, il se dit à lui-même cette petite chanson :

Je ne veux pas me bâtir un nid !
Il n’en existe qu’un
que je voudrais dérober :
c’est celui où Gillian abrite
sa tête semblable à une pomme de pin brune.

Je ne veux pas voler les corbeilles d’osier !
Pas une ruche ne vaut mon argent,
ne vaut même un liard,
seul en est digne le miel vierge et blanc
du jardin de Gillian.

Arrivé à Silverton entre minuit et une heure, Robert s’étendit sur un banc du quai dans la gare et s’y endormit. À l’aube, après avoir avalé une tasse de café dans un débit, il partit pour la roulotte de Johnson, qu’il trouva assis sur les marches, son inévitable pipe à la bouche.

— Comment as-tu été si vite informé ? lui demanda Robert.

— Quand j’ignore une chose qui se passe dans cette ville, c’est qu’elle n’en vaut pas la peine.

— Mais ça, c’était à l’intérieur de la maison, probable ?

— Y a la femme de ménage, y a le papier buvard, et l’indicateur des trains, et les bagages. Et puis elle a été à la gare.

— Elle avait peut-être l’intention de rentrer chez elle ?

— Elle dit qu’elle va rentrer, mais ce n’est pas pour l’embranchement qu’elle a demandé un billet.

— À quelle heure, son train ?

— À midi vingt, juste pendant l’enterrement. C’est une fine mouche, mais pas assez rusée pour Johnson.

— Je te remercie beaucoup.