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dans le pays souterrain où croissent les racines des lis.

L’enseigne de la Sirène se balançait en grinçant au vent qui acquérait de la force, et la fumée sortait à gros flocons des cheminées : la maison prenait un air habité. Mais Robert, qui la considérait avec antipathie, se souvenait d’une chanson de Gruffydd sur une auberge située au bout du monde.

— Ah, songeait-il, c’est bien ça : l’auberge du bout du monde, voilà à quoi elle ressemble. Je ne l’avais jamais vu jusqu’ici.

En posant les crampons de fer qui devaient tenir l’armoire vernie dans la salle, il avait presque l’impression d’enfoncer des clous dans un cercueil.

Et voilà qu’à travers le bruit de la pluie et du vent déchaîné lui parvint une troisième voix perdue : « Patron, patron, est-ce bien ici l’auberge de la Femme Nue ? »

C’était un coureur bohémien, maigre, essoufflé, trempé.

— J’ai à parler à Robert Rideout, dit-il.

Celui-ci vint à la porte.

— Pouvez-vous sortir sous la pluie, dit l’homme ; je ne veux pas vous dire la chose devant les autres.

Robert le conduisit dans la grange.

— Je viens de la part de Johnson, dit le messager, pour vous dire que Gentil est mort, Émilie folle, que Gillian va partir pour Londres et qu’il faut que vous veniez.

Robert sentit qu’il ne risquait pas de s’engourdir.

— Ce soir ? demanda-t-il.

— Non, Johnson a dit demain. Elle a écrit à son père pour avoir de l’argent qui n’arrivera que demain. L’enterrement est pour demain, et pendant qu’ils y seront, elle prendra l’express.

— À quelle heure, l’enterrement ?

— Midi.