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Un roulement pesant se rapprocha, puis cessa, et il sembla qu’il n’avait jamais existé, comme si les roues étaient venues à l’auberge du bout du monde et n’auraient plus jamais besoin d’aller plus loin. Deux charretiers, en cottes de velours à côtes mouchetées de boue, avec limousine par dessus, se tenaient sur le seuil.

— Ah, vous avez fini par en sortir, dit Elmer. Sale route, hein ?

— Oh, oui, sale route et sale temps.

Les rouliers regardaient d’un air de défiance la maison aux fenêtres sombres, si isolée et sinistre dans la lande sauvage.

— Y a eu une mort ici ? demanda l’un d’eux.

— Mais oui.

— Je m’en doutais.

— N’importe quelle maison aurait l’air peu accueillante par un temps comme ça, dit Elmer, et il n’y a pas une auberge que la mort ne visite un jour ou l’autre.

— Ah, pour sûr. Mais faut que nous déchargions nos colis et que nous nous dépêchions.

Ils voulaient être loin avant que la nuit ne tombe.

La maison commença à prendre meilleure apparence quand on y eut disposé quelques-uns des meubles d’Elmer, assez ordinaires, mais bons et qui avaient l’air assez contents d’eux pour intimider un fantôme.

— Monsieur Elmer, Monsieur Elmer, cria une seconde voix perdue, et deux autres charretiers apparurent, dans le même costume.

Les sept hommes, soufflant et haletant portaient les lourds fardeaux dans l’intérieur, et Ruth déballait des caisses et balayait la boue et la paille. Les chevaux, une bâche jetée sur leurs flancs fumants, mangeaient du foin, sous les torrents d’eau, comme s’ils étaient réellement les sombres coursiers magiques de naïades