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Il y a de la glace sur l’étang, dans le bercail
errent bêtes et gens
transis de froid.

Le printemps nous ranimera
et l’alouette des bois chantera,
des brins d’herbe verte surgiront,
il y aura de l’or sur les genêts,
le blé pointera à travers la terre grasse,
mais j’en sais un qui restera glacé par l’hiver
jusqu’à ce que Gillian rentre à la maison.


Quand il l’eut achevée il la chanta, et les pluviers, enivrés comme lui, lui répondirent à travers les grises murailles de pluie qui se dressaient de chaque côté de lui comme celles d’un couloir de verre.

Il n’y avait pas trace d’Elmer ou de ses affaires, rien que les restes du déménagement de Thatcher, brins de paille et morceaux de papier, boîtes et verres cassés, fleurs mortes dans leurs pots et tiges brisées de plantes grimpant le long de la clôture. Robert avait la clef que lui avait confiée Elmer. Il entra, ramassa les détritus sur le sol de la cuisine et alluma du feu. Il était plein d’entrain.

« À présent, dit-il, quand ils arriveront, on ouvrira en deux temps et trois mouvements une caisse de porcelaine et on leur fera une tasse de thé. Cette pauvre femme sera gelée si elle est seulement à moitié aussi délicate que Gillian. Si c’était Gillian… et si j’avais mon mot à dire sur la façon de l’habiller, je lui achèterais un bon manteau de pilote bien épais, comme celui que porte l’oncle de M. Mooney de la Croix-des-Pleurs quand il revient de la mer, et je l’envelopperais dedans et dans deux ou trois couvertures, et puis — il tendit les bras — dans ceux-ci. Où diantre ai-je mis ces sacrées allumettes ? »