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absolument revêche, pas tout à fait brutale. Elle anima quelque temps son visage, puis les lignes rudes qui entouraient sa bouche se détendirent en un sourire et cette expression disparut.

— Une bourgeoise ? je me garderais bien d’en prendre une. Mon affaire à moi, c’est une ménagère, toujours, une femme qui travaille pour tenir la maison et qui ne veuille pas faire la dame dans l’après-midi et se mettre au piano pour jouer La dernière rose de l’automne. Quelqu’un qui s’occupe sérieusement de son affaire.

— Et vous les gardez longtemps ? demanda le forgeron en ricanant.

— Oui, celle que j’ai est avec moi depuis cinq ans et je ne compte pas en changer.

— Eh bien, vous êtes un rude homme, ma parole, dit l’autre avec l’amabilité qui précédait toujours ses propos les plus mordants, oui un type merveilleux. Des enfants ?

— Non.

— Oh, vous laisserez bien votre nom à quelqu’un, pas de danger, mais c’est une bonne chose pour vous, monsieur… je ne sais pas comment, de ne pas être embêté par des moutards. Vous pourriez avoir à dépenser un penny par jour pour les nourrir, oh là là !

La figure de l’étranger était cramoisie de fureur, mais il ne répliqua rien.

Robert avait pitié de lui et lança, tout en mâchonnant un peu de blé qu’il avait tiré de sa poche :

— Si vous venez jamais par chez nous, monsieur, ma mère sera heureuse de vous offrir un verre de sa bière de ménage.

— Merci bien, dit l’étranger. C’est un bon coin, mais pas de maisons libres, probablement ?