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CHAPITRE IX

La forge du barde.


Une lueur vive sortait par la fenêtre sans volets de la hutte ronde que Robert avait construite lui-même en mottes de gazon, avec un toit de genêts, pour les brebis prêtes à mettre bas. Il faisait bon à l’intérieur, même sans la chaleur que répandait le brasier primitif de charbons rouges reposant sur quatre grosses pierres. Dardée un peu en l’air, la lumière allait frapper l’herbe gelée de la lande à l’endroit où elle descendait vers l’horizon. La hutte était dans un creux et à côté se trouvait le toit de chaume bas, que supportaient des troncs de mélèzes et qu’entouraient des claies, sous lequel se tenaient les brebis.

Assis devant la table à la clarté douteuse d’une lanterne, Robert lisait une lettre. Il se levait par moments et se penchait sur un agneau moite et frêle, étendu à côté du brasier, et qui venait d’entrer dans la vie ayant juste le souffle. Parfois aussi, quand un bêlement de souffrance étouffé lui parvenait de la bergerie, il sortait et la vaste lande formait un cadre d’ébène