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en courant, très agitée. Quand elle rougissait et que ses yeux brillaient, on oubliait sa cicatrice et son grand nez. On prenait le thé dans le salon, en l’honneur de M. Gentil, avec des buns grillés, des choux à la crème et maintes friandises. La tante Émilie avait une robe de popeline lavande avec un col de dentelle et elle s’était coiffée de manière à dissimuler ses cheveux gris. Elle avait un camée comme broche et du parfum sur son mouchoir. Les trois femmes, affairées, déplaçaient ici une cuillère, là une assiette, arrangeaient le bouquet de laurier-thym qui ornait la table, tisonnaient le feu. Si M. Gentil les avait vues il aurait été bien gêné, car il était très simple malgré sa prestance royale.

Des pas… qui s’arrêtent… un coup de sonnette. Prompte comme l’éclair, Gillian était déjà dans le vestibule.

Elle ouvrit la porte et se trouva en face de Charles Ier.

— Entrez, M. Gentil, dit-elle, je suis la nièce de tante Émilie, comme vous le savez sans doute.

M. Gentil fit le plus beau des saluts et prononça :

— Je suis très honoré et très charmé, Mademoiselle Lovekin.

Quand il s’inclina, Gillian aperçut son crâne chauve, mais quand il se redressa elle ne le vit plus et l’oublia.

— Émilie ! dit M. Gentil en faisant une nouvelle courbette. Je suis enchanté de vous voir si bonne mine et, si je peux me permettre de le dire, si charmante.

M. Gentil ne parlait pas la langue de Silverton. Il avait une petite bibliothèque qui lui venait de son grand-père, il en lisait infatigablement les livres et y puisait ses phrases. Comme disait Mme Fanteague, quand les mots lui auraient manqué, son physique lui aurait assuré le succès. Il portait un col Gladstone très