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— Il n’est pas très probable, demanda Gillian, que M.  Gentil sache monter à cheval sans selle ?

— Juliana, dit la sœur aînée qui rentrait dans le salon, mets-toi bien dans la tête que malgré tout ce que nous avons pu faire, ta tante Émilie et moi, dans le passé, nous sommes à présent habituées aux bonnes manières, étriers, selles, drap solide, banc à notre nom à l’église, pas de façons libres comme à Gwlfas.

— Mais ça n’a rien de libre de monter un cheval à cru… il faut avoir une telle pince avec les genoux !

— Il ne faudra pas parler ce langage-là quand M.  Gentil sera ici, mon enfant. Maintenant je vais te conduire à ta chambre, tu pourras défaire ta malle, afin que tout soit prêt pour te mettre au lit. Nous sommes des lève-tôt. Nous nous couchons tous les soirs à neuf heures, excepté les jours où vient M.  Gentil et où nous nous accordons jusqu’à dix heures. Un soir j’inviterai le pasteur et sa mère. C’est un jeune homme très sérieux, un de ceux qui ont trouvé leur Dieu avant de L’avoir perdu, et qui n’a jamais quitté la voie étroite.

— Oh, pauvre de moi ! Jamais un amusement ?

— Faire le jeu du diable, Juliana, ce n’est pas s’amuser, c’est se perdre.

— Avant de mourir, dit Gillian en brossant devant la grande psyché ses cheveux, qui faisaient son désespoir parce qu’ils ne seraient jamais que d’un châtain banal, avant de mourir, j’espère bien faire au moins une fois le jeu du diable.

Mme  Fanteague s’assit sur le lit en levant les bras au ciel.

— Juliana, je t’engage à lire ce soir deux chapitres de la Bible au lieu d’un. Le voyage t’a tourné la tête. Mieux vaut que tu ne redescendes pas. Je t’apporterai du pain et du lait dans ton lit. Voici La colombe dans