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Ainssi se set Diex adrecier
Des grans mauvais et les confont,
Pour ce que leur devoir ne font
1005Et veulent le tort soustenir ;
[1]Et ce voit on bien avenir
C’un petit de gent moult de fois,
Cui drois gouverne et bonne fois,
En desconfisent .xij. tans
1010Qu’il ne sont ; n’en soies doutans,
Souvent ceste fortune avient.
Dont vois tu bien que il convient
A touz nobles de haut afaire
Qu’il se gardent de tort à faire
[2]1015A mendre d’eus, où que il soient,
Ne tant en leur pooir ne croient
Que nulz par orgueil s’en mespasse,
Car Diex labeure en poi d’espasse,
Qui ne puet nul tort consentir.
1020Chascuns le doit en soi sentir,
S’à nul bien faire est clerveans,
Qu’au monde n’est riens pis seans
Ne que Diex tant hée et desprise
Qu’il fait orgueil et fole emprise.
1025Dont n’est pas sages qui l’emprent
Et qui garde à l’aignel ne prent,
Qui par force d’umilité
A terre a ce lyon geté,
Que je te compere à orgueil.
1030L’orgueilleus de mauvais acueil,
Qui en nul bien ne s’esvertue,
Or vois tu c’uns aigniaus le tue
A son droit et met à merci.
Compains, or nous partons de ci ;

  1. B. vois tu.
  2. quil qui soient ; AB. quil quil soient.