Page:Watriquet de Couvin - Dits, édition Scheler, 1868.djvu/272

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Si comme hons ot crier et braire
Ces poursivans et ces hyraus ;
Nient plus roy, duc, comte, amiraus
N’i sont espargné que poure homme.
330Le monde te compere et nomme
A ces hyraus grans et meneurs,
Qui amonnestent les honneurs
Et de l’un l’autre adomagier
Sont tout nonceur et messagier.
[1]335Li uns le dit à l’autre et porte,
Et ainssi li mondes enorte
Tenchons, batailles et descors
Touz jours entre l’ame et le cors
[2]Pour eulz en tourment envoier.
340Les dames c’on voit tournoier
Chi si bien et de si grant forche
Que son seigneur chascune esforche
Et jusqu’à outrance le mainne,
C’est la chars qui est souveraine
345De l’ame, tant qu’à male fin
Le trebusche et met, ce t’afin ;
Et li chevalier que tant blasmes,
Certes, freres, ce sont les ames
Des chaitis qui vaincre se laissent
350A leur charoignes et se paissent
Des deliz et des vanitez
Dont nuit et jour sont encitez,
Temptez du monde et enheudiz.
Si con font hyraut, qui touz diz
355Sont entait des biaus cops noncier,
Ainssi li chetif cors ont chier
Ce que li mondes leur promet,
Et l’ame dolente ne met

  1. B. dist.
  2. B. en tormenz.