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rions-nous pas alléguer de la supériorité du tour ou du terme ancien, pour démontrer la tendance de la langue à se dessécher, à s’ossifier en vieillissant ! Que de vocables, pleins de vie dans l’ancienne littérature, ont perdu les trois quarts de leur compréhension idéale et sont déchus de leur puissance d’autrefois ! C’est à la philologie de reconstruire la langue « morte » et cependant si vivace des trouvères, à la fois sous le rapport de la qualité et de la quantité ; en éditant notre poëte belge, nous n’avons point perdu de vue cette tâche.

Les manuscrits dont nous avons pu faire usage pour notre édition, sont au nombre de quatre, à savoir :

1. Bibliothèque impériale, à Paris, ms. 14968 (ancien 63218 Suppl.), petit in-4o allongé, de 169 fol., à une seule colonne de 28 vers ; écriture soignée, nombreuses miniatures à fond quadrillé, mais de médiocre exécution. Ce volume, relié au chiffre N couronné (Napoléon), et qui date du milieu du XIVe siècle, est entièrement reproduit dans notre livre et en forme le fond ; il comprend nos pièces 1 à 22. D’après la légende qui accompagne la miniature de la première pièce (voy. p. 1, note), on est autorisé à le considérer comme un choix des compositions réputées les meilleures de l’auteur, offert par celui-ci à son maître, le comte de Blois. Ce manuscrit est le seul où l’on rencontre le Dit du Conestable (no 2) et le Fatras (no 22).

Il n’y a pas de doute pour nous que ce manuscrit n’ait appartenu au fonds de Bourgogne de Bruxelles. D’abord, c’est de là que Gérard a tiré le premier et le