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ont démontré que la rédaction primitive a souvent été altérée ; aussi avons-nous cru devoir rétablir la forme normale chaque fois que le vers le permettait. Toutefois, il reste encore une bonne quantité d’infractions à la règle qui tombent à la charge du poëte, lequel — non content de suivre la pente où se laissait aller la langue à son époque, et de faire servir au sujet les formes du régime (tant au singulier qu’au pluriel), — nous offre beaucoup de cas du contraire, c’est-à-dire de formes purement nominatives appliquées aux régimes. D’autres négligences, dans d’autres domaines de la grammaire, sont signalées dans les notes.

Au point de vue de la lexicographie, notre travail sur le poëte de Couvin n’est point resté stérile. Nous avons relevé, dans le commentaire joint au texte, un bon nombre de termes ou de locutions restés sans mention dans les glossaires et dont plusieurs avaient pour nous l’intérêt d’une première rencontre. Nous avons eu surtout l’occasion de constater de nouveau la grande flexibilité de sens dont des mots encore usuels étaient autrefois doués ; l’étude de ces variations et de ces nuances de signification nous a beaucoup intéressé, car elle est indispensable aussi bien pour l’intelligence des auteurs anciens, que pour se garantir d’une critique injuste à leur égard. En effet, on se plaît parfois à leur reprocher une expression torturée et une diction fausse et forcée, quand ils ne font que tirer profit de toute la vigueur et de toute la vivacité inhérente aux vocables, selon l’usage de leur temps. Que d’exemples ne pour-