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de ses phrases ; les tortuosités, les anacoluthies, les enchevêtrements abondent ; des enjambements, parfois d’une hardiesse rare, frappent fréquemment le lecteur. Et cependant, on n’oserait reprocher à sa diction de l’obscurité systématique ; pour peu que l’on soit familiarisé avec le tour et les particularités syntaxiques de la langue de son époque, et surtout versé dans les nuances délicates de signification que les mots y revêtaient, on trouvera son vers heureusement tourné et sa pensée généralement exprimée avec aisance et souvent avec grâce. Si, parfois, dans les passages où le raisonnement domine, on rencontre quelque gêne et une marche un peu lourde et embarrassée, d’autre part, la lecture des parties narratives et descriptives fait paraître le poëte, quant à la facilité de l’élocution et la légèreté du mouvement, tout à fait l’égal des trouvères qui, de son temps, cultivaient des genres poétiques analogues.

Nous n’en dirons pas autant de la correction grammaticale et syntaxique ; ici Watriquet est bien inférieur, entre autres, à son contemporain Jean de Condé. Les règles qui gouvernaient la flexion des substantifs et des adjectifs dans la langue du moyen-âge, il en a la parfaite conscience, mais il ne les observe que pour autant qu’elles ne le gênent point, ni pour la mesure de son vers, ni pour l’application de sa rime. Des nombreuses incorrections de cette nature, que nous avons rencontrées dans nos textes, toutes ne sont pas, il est vrai, le fait de l’auteur, mais plutôt celui du copiste ; les variantes nous