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VOYAGE DANS LES PRAIRIES

immense sébile taillée dans une racine d’érable, qu’on avait achetée au village indien, fut placée devant nous, et l’on y versa le contenu des marmites ; c’était un dindon sauvage découpé, des tranches de lard et des morceaux de pâte : un autre plat de même espèce était rempli d’une abondance de ces beignets dont j’ai parlé. Après que nous eûmes fait raison de la galimafrée, un quartier de chevreuil bien gras, enfilé sur deux broches de bois, et qui, pendant le premier service, grillait à côté de nous, fut planté d’un air de triomphe au milieu de notre cercle par le petit Tony. Comme nous n’avions ni assiettes ni fourchettes, nous nous servions à la façon des chasseurs, en coupant avec nos couteaux de chasse des tranches de rôti que nous trempions dans le sel et le poivre. Pour rendre justice au cuisinier et à la sauce appétissante de l’air des prairies, je déclare que jamais venaison ne me parut aussi délicieuse ; avec tout cela notre seul breuvage était du café, fait à l’ébullition, dans un chaudron de campagne, sucré avec du sucre brun et versé dans des tasses d’étain. Tel fut notre ordinaire tout le temps de l’expédition, au moins tant que les provisions furent abondantes et que nous conservâmes de la farine, du café et du sucre.