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VOYAGE DANS LES PRAIRIES

pelé, en admirant la douce et bénigne clarté de ces beaux luminaires, ce passage sublime du livre de Job : Peux-tu enchaîner les secrètes influences des Pléiades, ou déchaîner les tempêtes d’Orion ! Je ne saurais dire pourquoi, mais je me sentais, cette nuit-là, plus affecté que de coutume par la solennelle magnificence du firmament. Il me semblait que j’étais ainsi couché sous la voûte des cieux pour aspirer, avec l’air pur, une vie nouvelle, une active énergie, et en même temps une délicieuse tranquillité d’esprit. Je dormais et veillais alternativement ; et, quand je dormais, mes rêves participaient du caractère serein des pensées de mes veilles. Sur le matin, une des sentinelles, le doyen de la troupe, vint s’asseoir près de moi : il était assoupi, fatigué et très impatient d’être relevé de son poste.

Il me paraît qu’il avait, comme moi, regardé le ciel, mais avec des sentimens différens.

« Si les étoiles ne me trompent pas, dit-il, le jour va bientôt paraître.

— On ne peut en douter, dit Beatte, qui était couché tout près de moi ; je viens d’entendre un hibou.

— Le hibou a donc coutume de se faire entendre au point du jour ? demandai-je.