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VOYAGE DANS LES PRAIRIES

saient doucement le bout de Ici nez, puis se retiraient à l’instant ; d’autres plus éloignés sortaient tout-à-fait ; mais, en nous apercevant, ils faisaient leur culbute ordinaire, et se plongeaient dans leur trou. Enfin, quelques habitans du côté opposé, encouragés parla tranquillité continue, se glissèrent hors de leur maison, et se hâtèrent de courir à un trou, situé à une assez grande distance, comme s’ils allaient, chez un ami ou un compère, juger et comparer leurs observations mutuelles sur les derniers événemens. D’autres, encore plus hardis, formaient de petits groupes dans les rues et les places publiques, et s’occupaient évidemment des outrages récens faits à la république, et du meurtre barbare de leurs concitoyens. Nous nous levâmes, et nous avancions en tapinois pour tâcher de les voir de plus près ; mais, biouf ! biouf ! biouf ! fut le mot passé de bouche en bouche. Il y eut descampativos général. De tous côtés, nous vîmes des pieds tricotant ; et, dans un instant, tout disparut sous la terre.

La nuit mit fin à nos observations ; mais, longtemps après notre retour au camp, nous entendîmes une faible clameur s’élever du village ; on eût dit que ses habitans déploraient en commun la perte de quelque grand personnage.