son captif par la bride. Sans articuler un seul mot, il remit le dernier à Tony, poussa son cheval dans le courant, et le traversa heureusement. Cet homme agissait ainsi en toutes choses, avec résolution, promptitude, silence, ne promettant rien d’avance, ne se vantant de rien après. La troupe suivit l’exemple de Beatte, et atteignit la rive opposée sans aucun accident, bien que l’un des chevaux de bât, en s’éloignant un peu de la ligne, eût failli enfoncer dans un sable mouvant, et en fut retiré avec beaucoup de peine.
Après avoir passé la rivière, nous devions nous frayer un chemin, pendant près d’un mille, à travers un marais de cannes qui, au premier coup d’œil, semblait une masse impénétrable de roseaux et de ronces. C’était un rude travail. Les chevaux enfonçaient souvent jusqu’aux sangles dans la bourbe, et hommes et bêtes étaient déchirés, arrêtés sans cesse par les épines et les buissons. Cependant une trace de buffles se trouvant sous nos pas, elle nous conduisit hors de ce marécage, et nous montâmes une côte, et vîmes une belle contrée découverte s’étendre devant nous, et à notre droite la ceinture de forêts allant aussi loin que la vue pou-