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VOYAGE DANS LES PRAIRIES

lement sur le profil d’un renflement de terrain derrière lequel il disparut, et bientôt les chasseurs furent également cachés par une colline intermédiaire.

Quelques momens après, le cheval reparut à notre droite, justement en face de la colonne, et sortant d’une petite vallée à un trot assez vif ; il était évident qu’il avait pris l’alarme. Il s’arrêta tout court, à notre vue, nous regarda un instant d’un air étonné, puis balançant sa belle tête, il prit sa course majestueuse, en se retournant de temps en temps pour nous regarder d’abord par-dessus une épaule, ensuite par-dessus l’autre, sa crinière flottant au gré du vent. Il traversa une bande de taillis, qui ressemblait de loin à une grande haie, s’arrêta sur un champ découvert au-delà, nous regarda encore une fois avec un beau mouvement de cou, souffla, et balançant de nouveau sa tête, se mit en plein galop et se réfugia dans les bois.

C’était la première fois que je voyais un cheval parcourant ses solitudes natales, dans toute la liberté, tout l’orgueil de sa nature. Combien il me sembla différent de la pauvre victime du luxe, de l’avarice, des caprices de l’homme, harnachée, bridée, subjuguée, mutilée, dégra-