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VOYAGE DANS LES PRAIRIES

Mais comme l’élan mort ne s’en ira point, suivons les traces des vivans ; ils peuvent avoir fait halte à une distance peu considérable, et nous pourrions les surprendre pendant leur repas et leur envoyer quelques balles. »

Nous revînmes donc sur nos pas, et suivîmes de nouveau les traces des élans, qui nous conduisirent à une assez grande distance, on peut dire par monts et par vaux. De loin à loin nous apercevions un daim bondissant sur une clairière ; mais le capitaine n’était pas disposé à se laisser distraire de sa chasse aux élans par un gibier si inférieur. Une bande de dindons fut aussi effarouchée par les pieds de nos chevaux ; quelques uns s’enfuirent aussi vite que leurs longues jambes pouvaient les emporter ; d’autres volèrent sur les arbres, d’où ils nous regardaient fixement le cou tendu. Le capitaine ne voulut pas souffrir qu’un seul fusil fût déchargé sur eux, de peur d’alarmer les élans qu’il espérait trouver dans le voisinage. Enfin nous arrivâmes où la forêt se termine par une côte escarpée, et nous vîmes la Fourche Rouge décrire au-dessous de nous ses profondes sinuosités entre deux larges rives de sable. La trace descendait la côte, et nous pouvions la distinguer sur le sable jusqu’à la rivière