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après que quelque torrent y a passé. On prétend, à la vérité, qu’il y a dans les montagnes de gros rochers, qui contiennent beaucoup d’or, et j’ai vu moi-même un morceau de ces rochers où il y avoit une masse d’or assez considérable, mais en ce cas-là même les Ouvriers se contentent de détacher des morceaux de rocher, mais n’y creusent pas de mines. Au reste comme il en coute beaucoup, tant pour subsister dans ces montagnes, que pour séparer le métal de la pierre, cette méthode est rarement mise en usage.

Le soin de chercher l’or dans le lit des rivières, et des torrens, aussi bien que celui de laver cet or, pour le séparer du sable et de la boue où il est caché, sont confiés à des Esclaves, la plupart Nègres, que les Portugais emploient à ce travail. L’usage est, que chacun de ces Esclaves rende par jour à son maitre la huitième partie d’une once d’or ; et s’ils ont l’habileté ou le bonheur d’en trouver davantage, le surplus leur appartient ; desorte qu’on a vu des Nègres, qui, plus diligens ou plus fortunés que leurs Camarades, ont été en état d’acheter eux-mêmes des Esclaves, et de vivre dans l’abondance. Car leur Maitre n’a sur eux d’autre droit que de continuer à en exiger un huitième d’once par jour, ce qui revient environ à neuf Chelings de notre Monnoie, l’once de Portugal étant tant soit peu plus légère que notre once poids de Troy. On peut juger par le montant du quint, revenant au Roi, combien d’or est transporté par an du Brézil à Lisbonne. Ce quint a été estimé en dernier lieu, bon an mal an, à cent cinquante Arоbes de trente et deux livres poids de Portugal : en mettant l’once, poids de Troy, à 4 Livres sterling, on aura ’à peu près 300 000 Livres sterlings et par conséquent la somme totale, dont ce capital est le cinquième, montera à un million et demi de Livres sterling. Les retours annuels en or ne sont certainement pas moindres que cela, quoiqu’il soit difficile de marquer au juste de combien ils excèdent le nombre que je viens de marquer. Peut-être ne nous abuserons nous guère, en supposant, que l’or qu’on échange avec les Espagnols pour de l’argent à Buénos Ayres, va encore à un demi million, ce qui feroit monter la somme totale de l’or, qui sort chaque année du Brézil à deux millions de Livres sterling : somme prodigieuse, qu’on tire à présent d’un païs, où l’on ignoroit il y a quelques années, qu’il y eût un seul grain d’or.

J’ai déjà dit, qu’outre l’ог, le Brézil fournissoit aussi des Diamans. Ces pierres précieuse ont été découvertes ici beaucoup plus tard que l’or