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rétablissement de nos malades que pour la conservation de ceux d’entre nous qui se portoient bien encore. Quand nous partimes de Ste. Hélène nous étions en si bon état, que durant tout le tems que nous mimes à gagner Madère, nous ne perdimes à bord du Centurion que deux hommes. Mais entre Madère et Ste. Catherine, nous eumes, non seulement dans notre Vaisseau, mais aussi dans tous les autres Vaisseaux de l’Escadre, beaucoup de malades, dont plusieurs moururent ; les autres se trouvoient hors d’état de manœuvrer, et quelques-uns d’eux sans espérance de rétablissement. Les maladies, dont ils étoient attaqués, sont communes dans ces climats chauds, et tous les Vaisseaux, qui passent la Ligne, les éprouvent plus ou moins. Ce sont des fièvres chaudes : mal dont les premiers symptomes sont non seulement terribles, mais dont les restes sont très souvent mortels pour les convalescens ; car ils ont de la peine à reprendre des forces, étant ordinairement incommodés de dyssenterie et de tenesmes. Tant que nous restions en mer nos sujets de plainte ne pouvoient aller qu’en augmentant ; ainsi nous fumes charmés quand le 18 de Décembre, à sept heures du matin, nous découvrimes la côte du Brézil.

Cette côte, qui paroit haute et montueuse, court entre l’Ouest et l’Ouest-Sud-Ouest. Quand nous commençames à en avoir la vue, nous en étions à une distance de dix-sept lieues, vers le midi nous apperçumes, à la distance d’environ dix lieues, un païs plus bas s’étendant vers l’O. S. O. que nous primes pour l’Ile de Ste. Catherine. Comme le vent fut au N. N. O. cet après-midi et la matinée suivante, nous avançâmes très peu, et craignimes de dériver sous le vent de cette Ile ; mais le lendemain, un peu avant midi, le vent se jetta au Sud, et nous mit en état de passer entre la pointe Septentrionale de l’Ile de Ste. Catherine et de l’Ile voisine d’Alvoredo. Nous eûmes le plomb à la main en approchant de terre, et trouvames que la profondeur alloit en diminuant, savoir depuis trente-six brasses jusqu’à douze, partout fond de vase. Ce fut à cette dernière profondeur que nous laissames tomber l’Ancre le 18 de Décembre à cinq heures du soir, ayant au S. S. O, environ à la distance de trois milles, la pointe de l’Ile de Ste. Catherine qui regarde le N. 0., et l’Ile d’Alvorédo au N. N. E. à la distance de deux lieues. Nous trouvames que la marée alloit du S. S. E. au N. N. O. à raison de deux nœuds par heure, le Flux venant du Sud. Nous remarquames de nos Vaisseaux, à une distance assez considérable, devant nous deux Forts, qui sembloient destinés à empêcher des Ennemis