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tumulte cessa en quelque sorte ; car ceux, qui s’étoient sauvés, se tinrent tranquilles par frayeur, et les Indiens ne se trouvoient pas en état de les joindre, ni par cela même de les attaquer. Orellana, dès qu’il se vit maître du demi-pont, força une caisse d’armes, que, sur quelque léger soupcon de révolte, on avoit, quelques jours auparavant, placée en cet endroit comme le plus sur. Il croyoit y trouver, tant pour lui-même que pour ses Camarades, un nombre suffisant de coutelas, dont les Indiens de Buénos Ayres savent admirablement bien se servir : il se proposoit, à ce qu’on a pu conjecturer, de forcer la chambre du Capitaine ; mais quand la caisse fut ouverte, il n’y apperçut que des armes à feu, qui ne pouvoient lui être d’aucun usage. Il y avoit cependant des Coutelas dans cette caisse, mais cachés par les armes à feu, qu’on avoit mises dessus. Ce fut sans doute un cruel sujet de dépit pour Orellana d’être obligé de rester dans l’inactiоп, pendant que Pizarro et les autres Officiers, qui étoient dans la grande chambre, pouvoient parler par les fenêtres et par les sabords, à ceux qui se trouvoient dans la Ste. Barbe et entre les ponts. Il scut d’eux que les Anglois, sur qui avoient principalement tombé ses soupçons, se tenoient tranquilles en bas, et ne s’étoient point mêlés de la révolte. L’Amiral, et les autres Officiers, découvrirent enfin par d’autres circonstances, qu’Orellana et ses Compagnons avoient seuls part à l’entreprise. Ce dernier éclaircissement les détermina à charger les Indiens sur le demi-pont, avant que les mécontens, qu’il y avoit à bord du Vaisseau, fussent assez revenus de leur première surprise, pour sentir qu’en se joignant aux Indiens il leur seroit très facile de se rendre maîtres du Vaisseau. Dans cette vue Pizarro гаssembla tout ce qu’il pouvoit y avoir d’armes dans la chambre où il s’étoit barricadé, et les distribua à ses Officiers ; mais il ne trouva pas d’autres armes à feu que des pistolets, sans poudre ni plomb. Néanmoins, comme il avoit communication avec la Ste. Barbe, il dévala par la fenêtre de la grande chambre un seilleau dans lequel le Canonier mit par un des sabords de la Ste. Barbe quelques cartouches de pistolet. Ils chargèrent aussi-tôt leurs pistolets, et ayant entrouvert la porte de leur chambre, firent feu sur les Indiens qui occupaient le demi-pont, mais sans en blesser d’abord aucun. A la fin Mindinuetta eut le bonheur de tuer Orellana ; et les fidèles Compagnons de ce Chef, ne voulant pas survivre à sa perte, se jettèrent aussitôt dans la mer, où ils se noyèrent tous jusqu’au dernier homme. Ainsi fut étouffée la révolte, et le demi-pont rega-