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de s’aquiter de sa commission, s’y étoit marié, et refusoit de revenir. Cependant, en faisant servir les mâts de l’Espérance sur l’Asie, et quelque bois rond qui étoit encore à bord, on remit l’Asie et le St. Etienne en état de tenir la mer. Au mois d’Octobre suivant, Pizarro mit à la voile, dans l’intention d’essayer encore une fois s’il y auroit moyen de doubler le Cap Horn ; mais le St. Etienne, en descendant la Rivière de la Plata, donna contre un bas-fond, et perdit son Gouvernail. Cet accident, et quelques autres encore, que ce Vaisseau essuya, le mire entièrement hors de service, desorte que Pizarro, après en avoir fait ôter les agrés, partit avec l’Asie. Comme il pouvoit se flatter de faire ce trajet en Eté, et que les vents étoient favorables, il comptoit d’avoir enfin surmonté toutes les difficultés ; mais se trouvant à la hauteur du Cap Horn, son Vaisseau, qui avoit le vent en poupe, la mer étant assez agitée quoique le vent fût assez modéré, perdit ses mâts, par quelque mauvaise manœuvre de l’Officier qui étoit de garde, et Pizarro se vit obligé de gagner une seconde fois la Rivière de la Plata, en fort mauvais état. L’Asie ayant considérablement souffert dans cette seconde tentative, on ordonna de raccommoder l’Espérance qui avoit été laissée à Monte Vedio. Le commandement de ce Vaisseau fut donné à Mindinuetta, qui étoit Capitaine du Guipuscoa, quand ce Vaisseau eut le malheur de périr. Ce Capitaine partit, au mois de Novembre de l’année suivante 1742, de Rio de la Plata, pour la mer du Sud, et gagna heureusement la côte du Chili, ou Pizarro, qui étoit venu de Buenos Ayres par terre, le joignit. Ces deux messieurs ne tardèrent pas longtems à se brouiller. La principale cause des disputes très vives, qu’il y eut entre eux, étoit que Pizarro s’arrogeoit le commandement de l’Espérance, que Mindinuetta avoit menée dans la mer du Sud : ce dernier refusoit de remettre son autorité entre les mains de l’Amiral, disant, qu’il avoit fait le trajet, sans être soumis ni à son autorité ni à celle d’aucun autre Chef, et qu’ainsi Pizarro ne pouvoit pas reprendre une autorité, à laquelle il avoit renoncé. Cependant Mindinuette fut obligé, par l’entremise du Président du Chili, qui se déclara pour l’Amiral, de se soumettre après une longue et opiniâtre résistance.

Mais Pizzaro ne se trouvoit pas encore au bout de toutes ses infortunes ; car quand Mindinuetta et lui revinrent, en 1745, par terre du Chili à Buenos Ayres, ils trouvèrent à Monte Vedio l’Asie, qu’ils y avoient laissée environ trois ans auparavant. Ils résolurent de mener, si la chose