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timens marchands sous leur Convoi. Nous les joignimes vers midi du même jour, notre Chef d’Escadre ayant ordre (aussi bien que le St. Albans et l’Alouette) de veiller à leur sureté, aussi longtems que leur route et la nôtre seroient la même. Quand nous ne fumes plus qu’à une médiocre distance de cette dernière Flotte, Mr. Anson fit arborer son pavillon, et fut salué par tous les Vaisseaux de guerre à la fois.

Après cette jonction, nous formions une Flotte d’onze Vaisseaux de guerre et d’environ cent cinquante Navires marchands, destinés pour les Echelles du Levant, pour le Détroit de Gibraltar, et pour nos Colonies d’Amérique. Le même jour, Mr. Anson ordonna par un signal à tous les Capitaines des Vaisseaux de guerre, qu’ils eussent à se rendre à son bord, où il leur donna leurs instructions, tant par rapport à leur route qu’à l’égard de ce qu’ils auroient à observer en cas d’Action. Nous courumes ensuite tous au Sud-Ouest ; et le lendemain à midi qui étoit le 21 nous nous trouvames à quarante lieues du Ram-Head. Nous trouvant alors en pleine Mer, le Chef d’Escadre ordonna au Capitaine Mitchel Commandant de la Perle, de devancer la Flotte chaque matin d’environ deux lieues, et de revenir tous les soir à son poste. Nous poursuivimes ainsi notre route jusqu’au 25, que le Winchester, qui escortoit le Convoi destiné pour l’Amérique, fit le signal concerté pour demander la permission de se séparer de l’Escadre, et nous quitta après que Mr. Anson eut répondu par un autre signal. Le St. Albans et le Dragon, avec le Convoi destiné pour la Turquie et le Détroit, en firent de même le 29. Après cette séparation, il ne resta plus que notre Escadre, et nos deux Vaisseaux d’avitaillement avec lesquels nous primes la route de l’Ile de Madère. Mais les vents nous furent si contraires, que nous eumes la mortification de mettre quarante jour à notre trajet depuis Sainte Hélène, quoiqu’il ne faille souvent pour cela que dix à douze jours. Une perte de tems considérable, jointe au désagrément du gros tems et des vents contraires, produisit un découragement d’autant plus grand, que nous nous étions flattés de regagner sur mer, au moins en partie, le tems, que qu’on nous avoit si malheureusement fait perdre à Spithead et à Sainte Hélène. A la fin, cependant, le Lundi, 25 d’Octobre, à cinq heures du matin, nous vimes terre, et jettames l’ancre à la rade de Madère, sur quarante brasses de profondeur : Le Brazenhead nous restant à l’E. vers le S., le Loo au N.N.O., et la grande Église au N.N.E. A peine eumes-nous mouillé, qu’un Corsaire Anglois passa derrière notre poupe, et salua no-