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sont pas moins nuisibles au Genre-humain, que l’impétuosité et la violence du саractère ; ces dernières dispositions peuvent à la vérité être sujettes à beaucoup d’imprudence, mais elles n’excluent pas la sincérité, la bonté de cœur, le courage, et bien d’autres vertus des plus estimables. Peut-être qu’à bien examiner la chose, il se trouveroit que le sens froid et la patience dont les Chinois se glorifient tant, et qui les distingue des autres Nations, sont dans le fond la source de leurs qualités les moins excusables ; car il a souvent eté observé par ceux qui ont approfondi le cœur humain, qu’il est bien difficile d’affoiblir dans un Homme, les Passions les plus vives et les plus violentes, sans augmenter en même tems la force de celles qui sont plus étroitement liées avec l’amour-propre : la timidité, la dissimulation, et la friponerie des Chinois, viennent peut-être en grande partie, de la gravité affectée et de l’extrême attachement aux bienséances extérieures, qui sont des devoirs indispensables dans leur Païs.

Du caractère de la Nation, passons à son Gouvernement qui n’a pas moins été un sujet de panégiriques outrés. Je puis encore renvoyer au récit de ce qui est arrivé à Mr. Anson dans ce Païs-là, et c’est réfuter suffiamment les belles choses qu’on nous a débitées touchant leur économie politique. Nous avons vu que les Magistrats y sont corrompus, le Peuple voleur, les Tribunaux dominés par l’intrigue et la vénalité. La constitution de l’Empire en général ne mérite pas plus d’éloges que le reste, puisqu’un Gouvernement dont le premier but n’est pas d’assurer la tranquilité du Peuple, qui lui est confié, contre les entreprises de quelque Puissance étrangère que ce soit, est certainement très défectueux. Or cet Empire si grand, si riche, si peuplé, dont la Sagesse et la Politique sont relevées jusqu’aux nues, a été conquis il y a un siècle, par une poignée de Tartares ; A présent même par la poltronnerie de ses Habitans, et par la négligence de tout ce qui concerne la guerre, il est exposé non seulement aux attaques d’un Ennemi puissant, mais même aux insultes d’un Forban, ou d’un Chef de Voleurs. J’ai déja remarqué à l’occafion des disputes du Commandeur avec les Chinois, que le Centurion seul étoit supérieur à toutes les forces navales de la Chine. C’est une assertion qui paroit bien hardie ; mais pour la mettre hors de tout doute, il suffit de jetter les yeux sur la Planche ci-jointe, où je donne le dessein des deux sortes de Navires dont les Chinois se servent. Le premier de ces Vaisseaux, marqué (A), est une Jonque de cent vingt Tonneaux, qui